Pas de limitation des quantités de sucre dans les aliments
Le Conseil national préfère s’en remettre aux efforts volontaires des producteurs. Deux initiatives déposées par les cantons de Genève et de Fribourg qui visaient à limiter les quantités de sucre dans les aliments ont été rejetées. Genève voulait réglementer de manière restrictive la teneur en sucres ajoutés des boissons industrielles et des aliments transformés. Le canton du bout du lac espérait ainsi réduire les effets nocifs de sa consommation sur la santé des consommateurs.
Le canton de Fribourg souhaitait pour sa part que la teneur en sucres figure dans la déclaration nutritionnelle. Il n’est pas nécessaire d’agir étant donné que, suite à la révision de la loi sur les denrées alimentaires, il sera bientôt obligatoire de déclarer la teneur en sucres dans le tableau des valeurs nutritionnelles, a fait valoir Philippe Nantermod (PLR/VS) pour la commission.
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Quant à la seconde demande du texte fribourgeois, à savoir de rendre obligatoire un étiquetage lisible et d’emblée compréhensible, cette mesure n’aurait pas de sens à l’heure actuelle, car elle est déjà en discussion au sein de l’Union européenne, a-t-il poursuivi. Et de conclure qu’il est plus judicieux d’attendre l’évolution de la situation dans l’UE.
Obésité en hausse
Soulignant les effets d’une consommation trop importante de sucre sur la santé publique, une minorité a plaidé, en vain, pour l’adoption des deux textes. Le rôle de l’Etat est de prévenir les maladies, a souligné Stefania Prezioso Batou (EàG/GE), rappelant que le texte avait fait l’unanimité à Genève. Valérie Piller-Carrard (PS/FR) a pour sa part relevé que les taux d’obésité et de surpoids sont en hausse depuis des années. «Il faut agir sans tarder pour réduire la consommation de sucre au sein de la population.»
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Le rôle de l’Etat n’est pas d’éduquer les citoyens dans leur consommation quotidienne, a rétorqué Philippe Nantermod. Pour la majorité, les efforts de l’industrie sont suffisants. Le Valaisan a ainsi rappelé que des mesures ont déjà été prises, par exemple l’introduction du système du Nutri-Score. De plus, il y a moins de deux semaines, neuf producteurs de boissons, dont Coca-Cola Suisse, Rivella et Ramseier, ainsi que le détaillant Volg se sont engagés à réduire de manière volontaire de 10% d’ici la fin 2024 la teneur en sucres dans leurs produits.
Quatorze entreprises suisses avaient auparavant signé la Déclaration de Milan. Cet accord, conclu en 2015 et reconduit en 2019 avec de nouveaux objectifs, prévoyait une réduction du sucre dans les yaourts et les céréales pour le petit-déjeuner. Le Conseil des Etats avait rejeté les deux textes lors de la session d’hiver 2021.