La Finma constate de «graves manquements» de Credit Suisse dans l’affaire Greensill
Credit Suisse a «gravement manqué à ses obligations prudentielles en matière de gestion des risques». Voilà ce qu’affirme la Finma, mardi matin, à l’issue de sa procédure à l’encontre de la banque lancée dans le sillage de l’affaire Greensill. Elle ordonne en outre des mesures correctrices.
En février 2021, Credit Suisse avait annoncé la suspension puis la liquidation de plusieurs fonds de placement en lien avec la société Greensill. Cette dernière, qui n’avait plus les assurances nécessaires à son bon fonctionnement, avait ensuite fait faillite. Gérant quelque 10 milliards de dollars, les fonds sont encore en cours de liquidation.
En avril 2022: Credit Suisse: régler l’affaire Greensill pourrait prendre cinq ans
Des exigences à l’égard des cadres les plus haut placés
La Finma déplore que malgré de «nombreux indices critiques», il y a eu «trop peu de réactions appropriées». L’autorité cite la fermeture d’un fonds similaire en 2018 dans une autre société de gestion, qui avait suscité des questions «critiques» de journalistes, de même que de la Finma «concernant les relations d’affaires avec Greensill et les risques qu’elles recelaient». L’autorité revient également sur le projet de mise en bourse de la société britannique. Celle-ci avait pour ce faire demandé un prêt-relais à Credit Suisse. «Le gestionnaire des risques responsable du crédit chez Credit Suisse a identifié de nombreux risques dans le modèle d’affaires de Greensill. Il a donc recommandé de ne pas accorder le crédit», détaille la Finma. Pourtant, poursuit-elle, «un cadre supérieur a passé outre cette recommandation».
Le gendarme des banques note que Credit Suisse a pris plusieurs mesures pour améliorer sa gestion des risques depuis cette affaire. Mais elle exige encore qu’elle «examine périodiquement à l’échelon de la direction les (quelque 500) relations d’affaires les plus importantes, notamment en ce qui concerne les risques de contrepartie. Elle doit par ailleurs définir les responsabilités de ses (quelque 600) collaborateurs les plus haut placés dans un document sur les responsabilités.»
De son côté, Credit Suisse se félicite dans un communiqué de l’issue de la procédure et souligne avoir déjà pris «une série de mesures importantes d’organisation» suite à une enquête demandée à un cabinet indépendant. La banque rappelle que le remboursement des fonds est encore en cours et que 74% des montants ont été retournés aux clients.
Dans son communiqué, la Finma annonce aussi avoir ouvert «quatre procédures d’enforcement à l’encontre d’anciens hauts responsables de Credit Suisse». Elle prévient déjà qu’elle n’en dira pas plus sur leur identité, ni sur les faits en question.